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Neptune Strike 2025 : l’OTAN renforce sa supériorité aéro-combinée en Europe du Sud-Est

Une manœuvre structurante au cœur de la doctrine OTAN de défense avancée


L’exercice Neptune Strike 2025, conduit dans le cadre de la NATO Response Force (NRF) et supervisé par le Commandement Aérien de l’OTAN (AIRCOM Ramstein), mobilise cette semaine des unités aériennes françaises et italiennes dans un scénario de projection offensive combinée au-dessus de la Slovénie et de la Croatie.


Des chasseurs Dassault Rafale F3-R de l’Armée de l’air et de l’espace, appuyés par des avions ravitailleurs KC-135 Stratotanker, croisent avec des Eurofighter Typhoon de l’Aeronautica Militare, dans un dispositif coordonné visant à tester l’intégration tactique air-sol dans un environnement multinational.


L’objectif affiché est double : valider la chaîne de commandement aérienne multinationale, via un Joint Force Air Component (JFAC) déployé depuis Poggio Renatico, et entraîner des missions de frappe simulée sur des cibles mobiles et fixes avec désignation conjointe. Ce type d’exercice répond directement aux exigences opérationnelles du Concept stratégique 2022 de l’OTAN : préparer une réponse rapide, conjointe et technologiquement supérieure dans un contexte de haute intensité.


Des chasseurs Dassault Rafale F3-R de l’Armée de l’air et de l’espace, appuyés par des avions ravitailleurs KC-135 Stratotanker, croisent avec des Eurofighter Typhoon de l’Aeronautica Militare, dans un dispositif coordonné visant à tester l’intégration tactique air-sol dans un environnement multinational.
Des chasseurs Dassault Rafale F3-R de l’Armée de l’air et de l’espace, appuyés par des avions ravitailleurs KC-135 Stratotanker


Le flanc Sud-Est de l’Europe : un théâtre désormais prioritaire


Si les projecteurs de l’opinion publique sont souvent braqués sur la Baltique ou la mer Noire, le redéploiement de forces dans la zone adriatique marque une inflexion doctrinale. Depuis 2022, la montée en puissance militaire de la Russie en Méditerranée orientale, les ingérences hybrides en Serbie et en Bosnie, ainsi que la présence chinoise dans les ports croates et monténégrins (Zadar, Bar) imposent une lecture géopolitique renouvelée de la région balkanique.


L’exercice Neptune Strike vient donc acter une stratégie plus large de dissuasion latérale : démontrer que la sécurité de l’Europe ne se fragmente pas en blocs, mais s’envisage de façon circulaire, solidaire et intégrée. La Croatie (membre de l’OTAN depuis 2009) et la Slovénie (depuis 2004) deviennent ainsi des ancrages avancés de la posture OTAN dans les Balkans occidentaux.



Supériorité aérienne et interopérabilité : les piliers opérationnels de l’exercice


La participation franco-italienne s’inscrit dans le cadre des engagements bilatéraux dans la structure de l’European Air Group, mais aussi au titre du NATO Combined Air Operations Centre (CAOC) de Torrejon. Sur le plan technique, les missions exécutées durant Neptune Strike comprennent :

• des patrouilles air-air en configuration combat air patrol (CAP) ;

• des frappes air-sol simulées avec nacelles Talios et désignateurs infrarouges ;

• des insertions en vol rasant, avec coordination via liaison 16 (L16) pour un ciblage temps réel.


Ces opérations permettent d’éprouver l’efficacité des procédures OTAN standardisées (STANAG), en particulier les Tactical Air Procedures (TACPRO), essentielles en coalition. L’usage combiné de pods de brouillage (Spectra, Praetorian), de ravitaillement en vol et de systèmes C2 avancés (Command & Control) rend cet exercice crucial pour les futurs scénarios de réponse à une agression conventionnelle.



L’exercice Neptune Strike : une réponse doctrinale à l’incertitude stratégique


Dans un monde marqué par la recomposition des menaces – retour de la guerre interétatique, frappes longue portée, désinformation numérique – l’OTAN adapte son modèle. Loin des missions d’interposition des années 2000, l’Alliance réaffirme une doctrine de projection de puissance et de réponse anticipée.


L’interopérabilité, notion au cœur de Neptune Strike, n’est plus une simple compatibilité technique ; elle devient une exigence stratégique. Elle implique une convergence doctrinale, une standardisation technologique, et une confiance politique entre nations alliées. Ce sont précisément ces trois piliers que valide Neptune Strike : un socle aérien crédible, réactif, modulaire.



Perspectives stratégiques : vers une architecture balkanique renforcée


Le Centre Européen de Sécurité et de Stratégie identifie trois tendances majeures qui prolongent l’exercice Neptune Strike 2025 :


1. Constitution d’un pôle aérien avancé OTAN–UE dans l’Adriatique, autour des bases de Pleso (Croatie), Cerklje (Slovénie) et Amendola (Italie), dans une logique de quadrillage réactif de la région.

2. Intégration croissante des formats multinationaux d’intervention rapide, où les unités françaises et italiennes jouent un rôle moteur aux côtés de partenaires comme la Roumanie, la Grèce ou la Hongrie.

3. Convergence stratégique entre OTAN et PESCO (Coopération structurée permanente européenne), notamment via des projets communs comme l’ISR européen ou l’appui à la défense sol-air intégrée.



Une projection de souveraineté collective en zone balkanique


Avec Neptune Strike 2025, l’OTAN ne se contente pas d’exercer des capacités : elle projette une souveraineté collective, dans une région historiquement instable et aujourd’hui stratégique. La participation active de la France et de l’Italie souligne une volonté claire : faire des Balkans un maillon fort de l’architecture sécuritaire euro-atlantique.


Cette tribune appelle à renforcer ce type de projection, à mieux articuler les doctrines européennes et atlantiques, et à anticiper, par la diplomatie comme par la force, tout scénario de déstabilisation à nos frontières Sud-Est.

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