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Constellations souveraines : pourquoi l’Europe doit accélérer IRIS²


    ddddd    À l’heure où les infrastructures orbitales deviennent des leviers de puissance aussi déterminants que les porte-avions ou les bases militaires terrestres, l’Europe ne peut plus différer sa montée en puissance autonome dans le domaine des constellations satellitaires. Les constellations, entendues comme des réseaux de satellites en orbite basse (LEO) assurant des services critiques ( communications sécurisées,
Le projet IRIS² (Infrastructure for Resilience, Interconnectivity and Security by Satellite), lancé par la Commission européenne en 2022

À l’heure où les infrastructures orbitales deviennent des leviers de puissance aussi déterminants que les porte-avions ou les bases militaires terrestres, l’Europe ne peut plus différer sa montée en puissance autonome dans le domaine des constellations satellitaires. Les constellations, entendues comme des réseaux de satellites en orbite basse (LEO) assurant des services critiques ( communications sécurisées, géolocalisation, imagerie à haute résolution ) constituent désormais l’ossature invisible de la supériorité technologique et stratégique. Leur maîtrise ne relève plus de la seule ambition industrielle ou commerciale : elle est, fondamentalement, une question de souveraineté.


Le projet IRIS² (Infrastructure for Resilience, Interconnectivity and Security by Satellite), lancé par la Commission européenne en 2022, représente une tentative de rattrapage face à la domination croissante d’acteurs privés américains dont Starlink (SpaceX) et bientôt Kuiper (Amazon). Ces méga-constellations, dotées de plusieurs milliers de satellites, offrent non seulement un accès mondial à Internet, mais aussi des capacités de communication résilientes en temps de crise, comme cela a été démontré lors du conflit en Ukraine. Or, cette situation a mis en lumière une dépendance critique de l’Europe vis-à-vis d’une infrastructure orbitale pilotée par une puissance étrangère et par une entreprise privée pouvant, de fait, agir en acteur quasi-souverain.


IRIS² ambitionne de doter l’Union européenne d’une constellation duale (civile et militaire), interopérable avec les systèmes existants (Galileo pour la navigation, Copernicus pour l’observation) et capable de fournir un service de connectivité hautement sécurisé aux administrations, aux forces armées et aux infrastructures critiques. Le projet prévoit un consortium industriel paneuropéen, incluant Airbus Defence & Space, Thales Alenia Space, SES et d’autres acteurs clés. Toutefois, le calendrier de mise en œuvre (opérationnel prévu après 2027) et les moyens budgétaires encore discutés (2,4 milliards d’euros de financement public initial) suscitent des doutes quant à la capacité de l’UE à rivaliser, en termes de délai et d’échelle, avec les géants américains déjà opérationnels.


L’enjeu n’est pas seulement technique, mais géopolitique. Dans un monde où les flux d’information, les données sensibles et les communications tactiques transitent par l’orbite basse, chaque dépendance orbitale devient un point de vulnérabilité. Le contrôle des constellations garantit non seulement la continuité gouvernementale en cas de crise, mais aussi la capacité d’agir en autonomie dans les champs de bataille numériques, informationnels et électromagnétiques. L’Europe doit donc accélérer non seulement IRIS² mais aussi la définition d’une doctrine spatiale de souveraineté intégrée, combinant production industrielle, régulation orbitale et protection cyberphysique.


Le retard ne peut plus être une variable d’ajustement dans une géopolitique où l’espace est désormais traité comme un théâtre stratégique de premier ordre. Une constellation souveraine n’est pas une option secondaire : elle est la condition d’une puissance européenne complète.


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