top of page

L’expansion du terrorisme en République Démocratique du Congo : une menace régionale aux conséquences stratégiques pour l’Europe


Historiquement, la République Démocratique du Congo a toujours été marquée par des conflits armés d’ordre ethnique, territorial et économique, opposant des groupes rebelles locaux aux forces gouvernementales dans des luttes de pouvoir régionales. Cependant, au cours des dernières années, un phénomène nouveau et plus dangereux a émergé : la radicalisation de certains de ces groupes sous l’influence des mouvements terroristes internationaux.
 Les Forces Démocratiques Alliées (ADF) : De la rébellion locale à la filiale de Daech en Afrique Centrale

Introduction : Le terrorisme en RDC, une menace sous-estimée qui s’internationalise


Alors que l’attention de la communauté internationale reste focalisée sur les conflits au Moyen-Orient, sur la guerre en Ukraine ou sur la menace terroriste persistante au Sahel, une autre menace, plus discrète mais tout aussi inquiétante, s’étend en Afrique centrale : la montée en puissance du terrorisme djihadiste en République Démocratique du Congo (RDC). Longtemps perçue comme un pays en proie à des conflits armés internes et à des rivalités ethniques, la RDC est en train de devenir un terreau fertile pour les organisations terroristes affiliées à Daech et Al-Qaïda, avec des répercussions potentielles bien au-delà du continent africain.


Ce phénomène, longtemps ignoré par les puissances occidentales, constitue une menace croissante non seulement pour la stabilité régionale, mais également pour l’Europe. La montée en puissance des Forces Démocratiques Alliées (ADF), désormais affiliées à l’État Islamique sous la bannière de l’État Islamique en Afrique Centrale (ISCAP), marque une mutation inquiétante du terrorisme en Afrique subsaharienne, qui ne se limite plus aux zones traditionnelles comme le Sahel ou la Corne de l’Afrique.


Dans ce contexte, l’Union européenne ne peut plus se permettre de détourner le regard, car les implications sécuritaires et stratégiques sont immenses. Non seulement la RDC est en train de devenir une nouvelle base arrière pour le djihadisme international, mais les liens entre les réseaux terroristes et les filières migratoires clandestines posent un risque direct d’infiltration sur le sol européen. De plus, l’exploitation illégale des ressources minières par ces groupes finance indirectement leurs activités, ce qui implique une responsabilité des entreprises européennes dans la traçabilité des matières premières utilisées dans nos industries technologiques.


Face à cette situation, une prise de conscience est nécessaire et doit être suivie d’une action stratégique coordonnée entre l’Europe et ses partenaires africains. L’inaction, ou la gestion à court terme de cette menace, pourrait avoir des conséquences désastreuses à moyen et long terme.



La montée du terrorisme en RDC : Un basculement vers une menace djihadiste transnationale


Historiquement, la République Démocratique du Congo a toujours été marquée par des conflits armés d’ordre ethnique, territorial et économique, opposant des groupes rebelles locaux aux forces gouvernementales dans des luttes de pouvoir régionales. Cependant, au cours des dernières années, un phénomène nouveau et plus dangereux a émergé : la radicalisation de certains de ces groupes sous l’influence des mouvements terroristes internationaux.


 Les Forces Démocratiques Alliées (ADF) : De la rébellion locale à la filiale de Daech en Afrique Centrale


Parmi les nombreux groupes armés actifs en RDC, les Forces Démocratiques Alliées (ADF) sont devenues l’acteur terroriste le plus puissant et le plus structuré. Originaires de l’Ouganda, les ADF ont évolué au fil des décennies, passant d’un groupe rebelle local à une organisation islamiste radicale affiliée à l’État Islamique (Daech). En 2019, Daech a officiellement reconnu les ADF comme une branche de son “Califat” en Afrique centrale, opérant sous le nom d’ISCAP (Islamic State Central Africa Province).


 Données alarmantes sur l’expansion des ADF en RDC :

  • Plus de 1 200 attaques terroristes recensées entre 2021 et 2024, avec une intensification significative des opérations contre des villages et des bases militaires.

  •  Plus de 6 000 civils tués en cinq ans, la plupart lors d’exécutions de masse et d’attentats ciblés (source : ONU, 2024).

  • Augmentation de 80 % du nombre d’attaques suicide et d’opérations kamikazes en 2023, montrant l’influence directe des tactiques djihadistes utilisées au Moyen-Orient.

  •  Des cellules dormantes identifiées en Ouganda et en Tanzanie, ce qui montre une stratégie d’expansion à l’échelle régionale.


Le mode opératoire des ADF s’est progressivement aligné sur les méthodes des groupes terroristes internationaux, ce qui constitue un changement profond dans la nature des conflits en RDC.


 Les stratégies terroristes employées par les ADF :

  •  Massacres de civils et attaques de villages pour instaurer la terreur et provoquer des déplacements massifs de populations.

  •  Utilisation de kamikazes et d’engins explosifs improvisés (EEI) contre les forces congolaises et les bases de l’ONU (Monusco).

  •  Recrutement et embrigadement d’enfants soldats dans des camps d’entraînement inspirés des camps de Daech en Syrie.

  •  Propagande via les réseaux sociaux pour recruter des combattants étrangers et mobiliser des financements à l’international.


Ce changement de doctrine militaire et d’organisation stratégique des ADF représente une menace régionale majeure, avec des répercussions qui dépassent le cadre congolais et pourraient toucher directement l’Europe.



 Quel impact pour l’Europe ? Une menace sécuritaire et économique directe


 L’infiltration terroriste via les routes migratoires clandestines


L’un des dangers les plus immédiats pour l’Europe réside dans le lien entre les réseaux djihadistes actifs en RDC et les filières migratoires clandestines qui traversent l’Afrique pour atteindre le territoire européen.


 Chiffres sur les flux migratoires et le risque d’infiltration terroriste :

  •  Plus de 80 000 migrants congolais ont tenté de rejoindre l’Europe via l’Afrique de l’Est en 2024.

  •  Des djihadistes affiliés aux ADF ont été arrêtés en Ouganda et en Tanzanie alors qu’ils tentaient d’embarquer pour l’Europe.

  • Les services de renseignement européens ont identifié des passeurs facilitant le passage d’individus radicalisés vers le continent européen.


Avec l’augmentation de l’instabilité en RDC, les flux migratoires risquent de s’intensifier, ce qui pose un défi sécuritaire majeur pour les États européens.


 L’exploitation illégale des ressources stratégiques pour financer le terrorisme


 Pourquoi l’Europe est concernée ?

  1.  Les ADF tirent des millions de dollars du commerce illégal de minerais (cobalt, or, coltan).

  2.  Certains de ces minerais se retrouvent dans des circuits économiques mondiaux, alimentant indirectement l’industrie européenne.

  3. Un manque de traçabilité expose l’Europe à des risques de financement indirect du terrorisme via le commerce des minerais de guerre.



 Quelles réponses stratégiques pour l’Europe ?


  1.   Renforcer la coopération sécuritaire avec l’Afrique centrale

  2.  Créer une mission européenne de lutte contre le terrorisme en Afrique.

  3.  Soutenir les armées congolaises et ougandaises contre les ADF.

  4.  Augmenter les capacités de renseignement en RDC et en Afrique de l’Est.


  5.   Sécuriser les routes migratoires pour empêcher les infiltrations

  6.  Renforcer les contrôles aux frontières et les accords de sécurité avec les pays africains.

  7.  Démanteler les filières de passeurs impliquées dans le transport de terroristes.


  8.   Mettre en place une politique stricte de traçabilité des minerais

  9.  Sanctionner les entreprises européennes achetant des minerais provenant de zones contrôlées par des groupes armés.

  10.  Encourager l’extraction responsable des métaux rares en RDC.


Le Centre Européen de Sécurité et Stratégie appelle à une réaction rapide pour éviter que l’Afrique centrale ne devienne une nouvelle base arrière du djihadisme international.




Comments


bottom of page