Livre blanc du CESS — Ingérences étrangères et menaces hybrides, période 2025-2027
- Centre Européen de Sécurité et Stratégie
- 24 août
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Dernière mise à jour : 25 août

À l’heure où les opérations d’influence, la désinformation et l’exploitation systématique des vulnérabilités informationnelles fragilisent la délibération publique en Europe, le Centre Européen de Sécurité et de Stratégie (CESS) publie un Livre blanc consacré aux ingérences étrangères et aux menaces hybrides. Ce document de référence entend fournir un langage commun, une méthode éprouvée et des outils opérationnels à celles et ceux qui, au quotidien, doivent comprendre, qualifier et contrer ces dynamiques : institutions européennes et nationales, régulateurs, plateformes numériques, médias, universités, organisations de la société civile et citoyens exigeants.
Rédigé et coordonné par Thierry-Paul Valette, fondateur du CESS, le Livre blanc s’appuie sur des travaux continus de veille et d’analyse menés dans l’espace informationnel européen. L’approche retenue est volontairement sobre : privilégier la preuve, la traçabilité et la proportionnalité, refuser la fascination pour le spectaculaire et restituer les mécanismes concrets par lesquels une rumeur devient récit, un récit devient indignation, et l’indignation se transforme en pression sur la décision publique. La méthodologie proposée articule observation en sources ouvertes, qualification rigoureuse des signaux, chronologies textuelles courtes pour documenter les enchaînements, et modèles rédactionnels destinés à clarifier les faits sans les dramatiser.
Le document s’ouvre sur un rappel des définitions et des cadres d’action. L’« ingérence étrangère » y est entendue non comme un slogan, mais comme une stratégie d’influence déloyale conduite par un acteur exogène, qui exploite les angles morts juridiques, médiatiques et sociaux en dessous du seuil de l’emploi de la force. Sont présentés les instruments européens récents, l’exigence de transparence et de traçabilité qui s’impose aux grandes plateformes, ainsi que l’écosystème des vulnérabilités aujourd’hui exploitées : biais d’attention, effets d’amplification algorithmique, inauthenticité coordonnée, relais d’influence plus ou moins assumés.
Le cœur de l’ouvrage décrit, de manière structurée, les principales familles d’actions hostiles. Il montre comment un narratif hostile s’élabore et se décline, comment l’astroturfing fabrique l’apparence d’une mobilisation organique, comment l’amplification artificielle crée une illusion de consensus ou d’urgence, et comment certains réseaux, économiques ou culturels, soutiennent discrètement la diffusion d’artefacts. L’intérêt du texte est de passer des catégories générales aux protocoles concrets : quels indices suivre, comment distinguer l’opinion polémique de l’opération instrumentée, quels seuils d’alerte retenir, et quelle conduite adopter pour éviter de nourrir la manipulation par une sur-réaction.
Afin d’ancrer cette méthode dans des situations observables, le Livre blanc propose plusieurs études de cas, chacune documentée selon un même canevas : introduction du contexte, chronologie précise des événements et des publications, analyse opérationnelle des vecteurs et relais, puis leçons de méthode. Ces cas ne sont pas des prétextes à polémique ; ils servent à faire voir la mécanique : la montée d’un récit de délégitimation, la saturation émotionnelle de l’espace public, l’importation d’un conflit extérieur, ou encore la fragilisation patiente d’une institution par accumulation de micro-controverses. À chaque fois, la démonstration s’attache à ce qui est vérifiable, « archivable » et reproductible par un tiers.
Parce que l’Europe ne manque pas tant d’analyses que de capabilité, une partie substantielle du Livre blanc est dédiée aux usages. Le CESS y présente un baromètre trimestriel destiné à prendre la mesure des tendances dominantes, à cartographier les familles de narratifs et à identifier les relais crédibles d’amplification. Le dispositif prévoit des notes rapides en moins de soixante-douze heures lorsqu’un seuil d’alerte est franchi, des audits d’exposition au bénéfice des institutions publiques et privées qui souhaitent évaluer leur vulnérabilité informationnelle, ainsi qu’un programme de formations à l’attention des décideurs, communicants et journalistes. L’ensemble est régi par un protocole éthique et par une gouvernance qui priorisent la transparence des sources, la protection des données et la proportionnalité des réponses.
L’ouvrage n’élude pas la responsabilité de chacun. Il précise ce qui relève des institutions européennes — transparence, traçabilité, doctrine de crise et interopérabilité des outils —, ce qui incombe aux États — veille légère mais continue, qualification des signaux, communication factuelle —, et ce qui concerne les plateformes et les médias — détection des comportements inauthentiques, lisibilité des règles, pérennisation d’archives publicitaires consultables. Il propose une doctrine de réponse rapide, des « mesures sans regret » comme la pédagogie procédurale et le dépôt régulier de preuves accessibles, et plaide pour la protection effective des lanceurs d’alerte ainsi qu’une évaluation publique des politiques mises en œuvre.
Un glossaire raisonné et des modèles normalisés complètent le texte. Ils visent à aider les praticiens à produire, dans l’urgence comme dans la durée, des analyses cohérentes : fiche « signal faible », tableau des réseaux et relais, matrice « vecteur-impact », protocoles d’alerte graduée, de communication de crise et d’audit d’exposition. L’ambition n’est pas d’imposer une école, mais de mettre à disposition des cadres de travail immédiatement mobilisables, qui se prêtent au contrôle et à l’amélioration continue.
Publié à Paris et à Bruxelles, le Livre blanc s’inscrit dans une temporalité d’action. Il couvre la période 2025-2027 et fixe des rendez-vous : baromètres trimestriels, bilans annuels, révision des indicateurs de performance et, si nécessaire, ajustements méthodologiques rendus publics. Il s’adresse autant aux professionnels qu’au grand public éclairé, convaincu que la sécurité informationnelle est une affaire de responsabilité collective et que la lucidité n’affaiblit pas la liberté ; elle la rend praticable.
Le document est accessible en version PDF. Il peut être cité sous la référence suivante : Thierry-Paul Valette, Livre blanc du CESS : Ingérences étrangères & menaces hybrides — Période 2025-2027, Centre Européen de Sécurité et de Stratégie, 2025. Pour toute demande d’entretien, d’intervention ou d’audit, le CESS met à disposition une adresse de contact dédiée et propose des sessions de présentation de la méthode à l’attention des institutions et des rédactions.
En publiant ce Livre blanc, le CESS assume une position claire : préférer la lumière à l’ombre, la preuve à l’insinuation, la proportionnalité à la gesticulation. À l’ère des vulnérabilités informationnelles, la meilleure défense de la démocratie n’est pas d’interdire de voir, mais d’apprendre à regarder
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