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Vers un organe européen de vigilance contre l’ingérence étrangère : une urgence stratégique

Dernière mise à jour : il y a 3 jours

Par le Centre Européen de Sécurité et de Stratégie (CESS)

4 juillet 2025

l’idée d’un organisme commun, une sorte de « Viginum européen », commence à faire son chemin. Ce projet, évoqué par des figures influentes au sein de l’Union européenne, pourrait permettre de fédérer les efforts et de créer une stratégie cohérente.
« Les acteurs malveillants profitent des crises mondiales pour intensifier leurs campagnes de désinformation, ciblant les démocraties avec une précision redoutable. »

La déclaration récente de Marc-Antoine Brillant, directeur du Service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères (Viginum), marque un tournant dans la reconnaissance publique de l’ampleur de la menace informationnelle qui pèse sur l’Europe. Face à une « croissance relativement exponentielle » des campagnes de manipulation étrangères, l’appel à une coordination européenne renforcée ne peut plus être différé.


Une asymétrie informationnelle devenue systémique


Depuis plusieurs années, les campagnes d’ingérence étrangères — russes, chinoises, iraniennes, mais aussi parfois issues d’acteurs privés ou étatiques tiers — ont changé de nature : elles ne visent plus seulement à influencer les opinions publiques, mais à déstabiliser les systèmes démocratiques européens de l’intérieur, en exploitant les failles du numérique, les fractures sociales, et les mécanismes émotionnels des réseaux sociaux.


Les élections européennes de 2024 ont de nouveau été ciblées par des opérations informationnelles coordonnées (botnets, faux comptes, intox émotionnelles), comme l’ont révélé plusieurs rapports du Parlement européen. Ces ingérences ne sont plus ponctuelles : elles s’inscrivent dans des stratégies hybrides à long terme.



 Un vide stratégique à l’échelle de l’Union européenne


Malgré les efforts de Viginum en France, du BSI en Allemagne, ou encore du centre STRATCOM de l’OTAN en Lettonie, aucune structure européenne dédiée, transversale et pleinement opérationnelle n’existe aujourd’hui pour répondre à ces menaces dans leur complexité.


L’Union européenne dispose certes d’un Service européen pour l’action extérieure, d’un groupe d’experts sur la désinformation et d’initiatives comme le Code de bonnes pratiques contre la désinformation, mais celles-ci restent essentiellement normatives, fragmentées ou non contraignantes.



 RECOMMANDATION OFFICIELLE DU CESS


 Création d’un Organisme Européen de Lutte contre l’Ingérence Informationnelle (OELII)


Le Centre Européen de Sécurité et de Stratégie (CESS) recommande la mise en place d’un organisme permanent et indépendant, doté de moyens opérationnels, dont les missions seraient :


1. Surveillance proactive et cartographie permanente

• Plateforme européenne de signalement et de veille algorithmique multilingue.

• Partage d’alertes entre États membres, services techniques et société civile.


2. Contre-narration et réponse coordonnée

• Unité de riposte rapide en cas de campagnes hostiles détectées.

• Partenariat avec les plateformes numériques et les médias.


3. Coopération internationale et formation

• Formation des fonctionnaires, élus et journalistes à la détection des manipulations.

• Coopération structurée avec les pays tiers victimes d’ingérence.


4. Soutien à la recherche et à la société civile

• Financement de projets de recherche sur l’ingérence numérique.

• Soutien aux think tanks, ONG et médias indépendants européens.



 Pourquoi c’est maintenant qu’il faut agir


“Nous avons beaucoup de sollicitations d’États membres de l’Union européenne”, explique Marc-Antoine Brillant. Ce constat doit être entendu comme un signal d’alerte. Ce qui manque aujourd’hui, ce n’est pas la compétence technique — elle existe — mais la volonté politique et la coordination stratégique.


Le CESS appelle la Commission européenne, le Parlement européen et les États membres à inscrire cette initiative à l’agenda stratégique 2025–2030, comme pilier de la souveraineté numérique et de la résilience démocratique européenne.



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