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Cessez-le-feu en Ukraine : la paix sans stratégie est un danger pour l’Europe

9 mai 2025

Analyse stratégique rédigée par le Centre Européen de Sécurité et de Stratégie, dans le cadre de sa veille géopolitique sur les conflits affectant la souveraineté européenne.


  Le 9 mai 2025, alors que l’Europe commémore l’esprit du 9 mai 1950 et les ruines de la Seconde Guerre mondiale, le président Emmanuel Macron propose un cessez-le-feu de 30 jours en Ukraine, soutenant l’initiative du président américain Donald Trump.

Le 9 mai 2025, alors que l’Europe commémore l’esprit du 9 mai 1950 et les ruines de la Seconde Guerre mondiale, le président Emmanuel Macron propose un cessez-le-feu de 30 jours en Ukraine, soutenant l’initiative du président américain Donald Trump.


Le 9 mai 2025, alors que l’Europe commémore l’esprit du 9 mai 1950 et les ruines de la Seconde Guerre mondiale, le président Emmanuel Macron propose un cessez-le-feu de 30 jours en Ukraine, soutenant l’initiative du président américain Donald Trump. Présentée comme une tentative humanitaire et diplomatique, cette annonce s’inscrit en réalité dans une manœuvre stratégique risquée, où les intérêts géopolitiques, les rapports asymétriques entre puissances et les illusions d’une paix instantanée se confondent. Le Centre Européen de Sécurité et de Stratégie considère que ce type d’initiative, en l’absence de conditions claires et de garanties solides, peut affaiblir l’Europe plus qu’elle ne la renforce.


Une initiative transatlantique dominée par la logique américaine


L’appel à un cessez-le-feu co-construit entre les États-Unis et l’Europe donne une impression d’équilibre diplomatique. En réalité, cette dynamique est dominée par l’agenda de Washington. Donald Trump, revenu au centre du jeu diplomatique, cherche moins une sortie par le haut qu’un levier électoral ou un réajustement géopolitique à bas coût. En s’y associant sans imposer de lignes rouges propres à l’Europe, la France risque d’être instrumentalisée dans une stratégie qui ne défend pas les intérêts de souveraineté européenne mais sert prioritairement une logique d’endiguement temporaire favorable aux équilibres américains.


Un cessez-le-feu sans garanties : le piège de la réversibilité


Un cessez-le-feu peut être un outil de désescalade. Mais dans le contexte ukrainien, l’histoire nous a appris que toute pause non verrouillée militairement devient un outil tactique pour la Russie. Déjà en 2014, les accords de Minsk ont offert au Kremlin un répit stratégique pour mieux se redéployer. Aujourd’hui, alors que la Russie multiplie les frappes, les cyberattaques et les campagnes de désinformation sur le territoire européen, proposer un gel temporaire sans levier contraignant, sans contrôle international indépendant, sans lignes de retrait militaire, revient à institutionnaliser l’instabilité au bénéfice du plus agressif.


Une Europe affaiblie par sa dépendance stratégique


En s’alignant sur un plan américain sans leadership clair ni vision européenne autonome, la France acterait une fois encore le manque de boussole stratégique européenne. L’Europe ne peut être le simple relai diplomatique des États-Unis dans une guerre où elle est directement exposée – militairement, énergétiquement, numériquement. Un cessez-le-feu qui ne s’accompagne pas d’une consolidation de notre défense, de notre résilience cyber, de notre autonomie industrielle et de notre stratégie énergétique est une chimère dangereuse. C’est une réponse diplomatique à une guerre hybride, là où il faudrait une doctrine européenne de souveraineté et de puissance.


Le risque d’un signal de faiblesse à Moscou et à Pékin


Dans l’analyse des rapports de force, la perception d’un recul occidental est un levier puissant pour les régimes autoritaires. Un cessez-le-feu présenté comme une solution de compromis humanitaire – mais sans contrepartie stratégique solide – pourrait être perçu par Moscou comme un signal de lassitude. Pire encore : cela pourrait encourager la Chine à avancer ses propres pions sur d’autres théâtres – Taïwan, mer de Chine – dans l’ombre d’un Occident divisé et diplomatiquement saturé.


Quelle alternative ? Une paix par la résilience, pas par la précipitation


Le Centre Européen de Sécurité et de Stratégie soutient l’objectif d’une désescalade, mais pas à n’importe quel prix. Nous appelons à une doctrine claire :


• Pas de cessez-le-feu sans vérification satellitaire et cyber en temps réel ;

• Pas de négociation sans présence pleine et entière de l’Ukraine à la table des décisions ;

• Pas d’accord sans renforcement simultané des capacités de défense européennes, y compris dans le spatial, le numérique, et la lutte contre l’ingérence ;

• Pas de paix sans justice, ni garantie de souveraineté intégrale pour l’Ukraine.


L’Europe doit cesser de courir derrière les initiatives des autres. Elle doit devenir l’architecte d’un équilibre nouveau, fondé sur la clarté stratégique, la puissance technologique, et la cohérence politique. Une paix durable ne peut être ni soumise, ni dictée, ni improvisée. Elle doit être bâtie sur la mémoire des fautes passées, la lucidité des menaces présentes et le courage d’une vision propre.



Le Centre Européen de Sécurité et de Stratégie alerte sur le risque d’un cessez-le-feu qui se transformerait en capitulation larvée. Le 9 mai doit rester un symbole de souveraineté retrouvée, pas un théâtre de compromis dangereux. Nous appelons les dirigeants européens à bâtir une sécurité collective européenne fondée sur la résilience, l’indépendance stratégique et la protection concrète de nos alliés – non sur des illusions diplomatiques.

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