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Réserve diplomatique citoyenne : pour une alliance stratégique entre diplomatie et société civile

Tribune du Centre Européen de Sécurité et de Stratégie

Réserve diplomatique citoyenne : pour une alliance stratégique entre diplomatie et société civile    Tribune du Centre Européen de Sécurité et de Stratégie – par Thierry-Paul Valette
Réserve diplomatique citoyenne : pour une alliance stratégique entre diplomatie et société civile

Une initiative qui change de paradigme


Il est des signaux qui, s’ils passent inaperçus du grand public, ne doivent pas échapper aux esprits attentifs à l’évolution du rôle de l’État dans les relations internationales. L’annonce récente du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, portée par le ministre Jean-Noël Barrot, concernant la création d’une réserve diplomatique citoyenne, marque l’un de ces tournants subtils mais décisifs : la reconnaissance, à un niveau institutionnel, que la diplomatie contemporaine ne saurait plus se limiter aux diplomates.


Ce geste n’est pas anodin. Il traduit une prise de conscience : celle que la puissance, aujourd’hui, se diffuse, s’infiltre, se conteste sur d’autres terrains que les chancelleries et les ambassades. Dans un monde où l’information devient arme, où la société civile devient canal de manipulation ou de résistance, il fallait, enfin, élargir le spectre.



Diplomatie moderne : un terrain hybride, une guerre silencieuse


Les menaces ne viennent plus seulement des armées, des blocs géopolitiques ou des grandes décisions multilatérales. Elles surgissent dans nos téléphones, dans les réseaux sociaux, dans les chaînes de désinformation, dans les pressions économiques ciblées ou les tentatives de fracturation des opinions publiques. L’espace diplomatique est devenu un espace hybride, dans lequel la guerre d’influence précède la guerre militaire.


La Russie, la Chine, l’Iran, mais aussi certains groupes d’intérêts privés, ont compris avant nous que l’opinion était une cible, que la société civile était un champ de bataille, et que la fragmentation de la cohésion démocratique représentait l’un des plus puissants leviers d’affaiblissement.


Face à cette réalité, la diplomatie classique est souvent désarmée. Non par incompétence, mais par architecture. Elle est faite pour négocier, représenter, incarner la parole de l’État. Mais elle ne peut pas, seule, résister à la désinformation virale, au brouillage des signaux faibles, à la manipulation culturelle ou numérique de masse.



La société civile stratégique : une force dormante


C’est là qu’intervient la nécessité d’un nouveau modèle. Et c’est tout l’intérêt, encore balbutiant mais réel, de cette réserve diplomatique citoyenne. Pour la première fois, l’État français reconnaît que l’expertise citoyenne structurée, lorsqu’elle est rigoureuse, engagée et cohérente, peut renforcer la politique étrangère de la République.


La société civile n’est pas seulement un décor démocratique. Elle peut devenir une force de veille, d’alerte, d’analyse, voire d’action. Non pas dans une logique d’opposition ou de contre-pouvoir, mais dans une logique d’intelligence partagée. Elle peut identifier des signaux faibles, traduire des dynamiques de terrain, engager des dialogues transversaux que l’État ne peut, ou ne doit, engager directement.


La diplomatie du XXIe siècle devra composer avec ces relais ou les subir.



Le CESS : un acteur-passerelle entre analyse, vigilance et action


C’est dans cet esprit que le Centre Européen de Sécurité et de Stratégie (CESS) a été fondé. Non pas comme une énième structure d’opinion, mais comme une plateforme hybride entre veille stratégique, engagement citoyen et production de savoirs. Le CESS articule plusieurs pôles : un baromètre de l’ingérence étrangère, une cartographie des menaces hybrides, un Forum européen de la société civile stratégique, et une série de tribunes, analyses, notes d’alerte, qui ont trouvé écho dans les milieux diplomatiques et institutionnels.


Ce travail, nous ne le menons pas contre les institutions, mais pour elles. À notre manière. Depuis la société civile, nous avons ainsi participé à des rencontres de haut niveau, à l’Assemblée nationale notamment, aux côtés de l’ambassadrice du Kazakhstan et de parlementaires français, pour explorer les possibilités de coopération stratégique sur l’IA, le déminage, ou encore les équilibres euro-asiatiques. Nous avons aussi porté nos réflexions à Oxford, dans des colloques sur les violences politiques, les réseaux de mobilisation, les fractures démocratiques. Nous savons de quoi nous parlons, car nous venons du terrain, pas des cercles fermés.



Proposition : une alliance fonctionnelle entre diplomatie et veille citoyenne


Nous pensons qu’il est possible d’aller plus loin. Que cette réserve ne doit pas rester une sélection interne, technocratique ou confidentielle. Elle doit devenir un catalyseur de convergence : entre les institutions diplomatiques et les structures indépendantes sérieuses qui, à leur échelle, mènent déjà des combats parallèles.


Le CESS propose ainsi une contribution extérieure, souple, structurée, non statutaire, mais connectée. Nous pouvons fournir des analyses trimestrielles utiles à la diplomatie préventive. Offrir une capacité de relais européen. Participer à des missions de sensibilisation. Organiser des dialogues citoyens avec des experts étrangers. Être un point d’écoute et de réponse sur les campagnes de désinformation.


L’Europe doit apprendre à mobiliser sa société civile éclairée non comme un poids ou un gadget, mais comme un réservoir d’intelligence stratégique.



Pour une doctrine française de la résilience stratégique partagée


Ce que propose aujourd’hui le Quai d’Orsay est un pas dans la bonne direction. Mais ce pas devra être prolongé. Il faudra dessiner une véritable doctrine française de la résilience stratégique, dans laquelle l’État, la société civile, les médias, les chercheurs et les citoyens engagés agissent en convergence, pas en vase clos.


Cette doctrine ne se décrète pas. Elle se construit. Elle se nourrit d’expériences, d’initiatives, de coopérations. Elle suppose que les institutions acceptent de faire confiance à certains relais civils, et que ces relais s’engagent dans un esprit de responsabilité et de loyauté républicaine.


Le CESS est prêt à y contribuer. Avec rigueur. Avec indépendance. Avec lucidité.

Et surtout, avec la conviction que la sécurité européenne, comme la diplomatie française, ne peut plus se penser sans les citoyens qui refusent de rester passifs face au chaos du monde.



Thierry-Paul Valette

Président du Centre Européen de Sécurité et de Stratégie (CESS)


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